Il
neige sur le jardin secret.
Le
palais est fermé. Ni rires ni pleurs, ni ors ni soies. Juste
un peu de poussières des Rois.
A
gros flocons légers. Epais duvets blancs sur les toits.
Silence. Douce, douce la marche près de l'étang. Une
tache rouge, une carpe, entre la glace et la neige.
Il
y a vingt ans, c'était ici l'été. J'étais
conquérant.
Mon âme est devenue flocon de neige.
Je
voudrais une chaumière, une vieille maison abandonnée
dans la montagne. Je voudrais y vivre encore un an. Peindre, écrire
et dessiner … rêver encore.
Tomber
comme un flocon, remonter, emporté par le vent, être
happé par la bouche d'un enfant revenant de l'école,
être une feuille rouge déposée sur l'étang,
une goutte de pluie sur le museau d'un écureuil …
Au
printemps prochain je mettrai ma joue sur la mousse près de la
rivière et je mangerai des fraises de Hadong…
J'écouterai
pousser les bambous.
J'écrirai
mes angoisses et mes questions sur des bateaux coquilles de noix, et
sur les pétales de cosmos, mes soupirs et mes amours…
Tout
coule, tout passe, les flocons dans le vent ou mes pétales sur
la rivière, voici mes petits bonheurs, la pêche
miraculeuse, ouvre ta lessive, étends tes voiles de soie,
souviens-toi un peu de moi.
La
neige blanche a effacé mes cendres.
J'ai
fait rapport au Rois des rois.
Hors
le temps
Je
rêve
et
je t'attends…
Claude
Rahir
Séoul 2005
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